Peindre sur du silicone : nos astuces pour un résultat parfait

Avant de sortir vos pinceaux, il faut comprendre la nature de l'ennemi. Le silicone est un élastomère hydrophobe par excellence. Sa structure chimique est spécifiquement élaborée pour repousser l'eau et les liquides, ce qui en fait un allié redoutable pour l'étanchéité des douches et éviers, mais un cauchemar pour le peintre. Contrairement au bois ou au plâtre, il ne possède aucune porosité dans laquelle les pigments pourraient s'ancrer. Lorsque vous tentez d'appliquer une acrylique standard dessus, le phénomène de "tension de surface" entre en jeu. La matière se rétracte immédiatement, formant des gouttelettes disgracieuses au lieu d'un film lisse. C'est ce qu'on appelle l'effet "yeux de poisson". Même si vous parvenez à couvrir la zone après plusieurs passages, cette adhésion n'est qu'illusoire et purement superficielle.

Soyons francs : si vous cherchez le résultat le plus professionnel, la méthode radicale reste la plus fiable. Plutôt que de lutter pour recouvrir un joint silicone existant, le remplacer par un mastic acrylique est souvent plus rapide et garantit une finition parfaite. Le mastic acrylique (souvent appelé "mastic de maçonnerie") possède une composition différente qui accepte parfaitement la mise en peinture une fois sec. C'est l'option à privilégier pour les plinthes, les contours de portes ou les jonctions mur-plafond où l'étanchéité absolue à l'eau stagnante n'est pas la priorité numéro un. Pour une salle de bain, c'est plus délicat, mais des hybrides existent.

Parfois, le retrait n'est pas envisageable (locataire, joint structurel complexe ou vitrage). Dans ce cas, peindre sur du silicone demande de la ruse et de la chimie. L'erreur classique est d'insister avec la peinture murale standard. Cela ne fonctionnera pas. La clé réside dans l'interposition d'une couche intermédiaire qui va faire le pont entre le support gras (le silicone) et votre finition. C'est ici que le choix des produits devient critique. Si vous devez absolument conserver l'étanchéité d'un joint sanitaire tout en changeant sa couleur, oubliez les solutions grand public basiques.

Que vous utilisiez un primaire hors de prix ou une peinture technique, tout effort sera vain si le support est sale. Le silicone est un aimant à poussière et à résidus de savon. Avant toute tentative pour cacher un joint en silicone, un nettoyage méticuleux s'impose. Ne vous contentez pas d'un coup d'éponge humide. Les agents de démoulage et les graisses accumulées doivent être éliminés chimiquement. C'est souvent à cette étape que les bricoleurs échouent : ils peignent sur du gras, et non sur le silicone lui-même.

Malgré toutes vos précautions, il arrive que la chimie ne prenne pas, surtout sur des silicones très anciens ou saturés de fongicides. Si la peinture cloque ou se rétracte dès l'application, n'insistez pas en ajoutant des couches : cela ne fera qu'épaissir le problème. Dans ce scénario, deux options s'offrent à vous. La première est décorative : coller une baguette d'angle ou un quart-de-rond (en bois ou PVC) par-dessus le joint. Cette astuce de masquage est aussi pratique que de savoir fixer un tasseau sur du placo pour ajouter du relief à une cloison. Vous pourrez alors peindre cette baguette sans aucun souci d'adhérence. La seconde option est le recouvrement par un "sur-joint". Certains fabricants proposent des cartouches de rénovation conçues pour recouvrir un vieux joint sans l'enlever, offrant une nouvelle surface blanche et propre, évitant ainsi la peinture hasardeuse.